Papillons - 300 images de presse 



Fruit d’une méditation sur nos relations aux images, Emmanuel Madec livre une installation qui interroge la place des photographies de presse dans nos mémoires et l’ambivalence d’une mémoire collective en construction à l’entrée dans l'ère post-vérité. Chaque jour de publication d’un grand quotidien français de lʼannée 2016 a ainsi fait l’objet dʼun prélèvement dʼune photographie de presse dont la violence le frappait particulièrement.  Par un geste simple alliant analyse et poésie, il a ensuite transformé ces images en kirigami. En modifiant de la sorte la perception que nous en avons, il fait porter notre attention sur la fragilité des images et leur malléabilité.

 


" Ce protocole s’est installé alors que je ressentais le besoin d’interroger le médium photographique d’un point de vue ontologique et de me situer plus profondément vis-à-vis de lui. Face à ces images quotidiennes, devant lesquelles nous ne passons souvent que quelques poignées de secondes, j’ai cédé au besoin de les manipuler physiquement, de prolonger leur existence tout en questionnant leur nature. Éprouver leur matérialité m’a fait prendre conscience que la fragilité du papier journal et son caractère passager résonnaient avec le caractère éphémère de nos mémoires. Je me suis soudain demandé quelle était la place de ces photographies dans nos mémoires et dans l’Histoire, particulièrement à notre entrée dans l’ère post-vérité.

La répétition journalière de ma tâche de découpage puis du pli s’est alors peu à peu transformée en méditation sur le devenir de ces photographies. Il m’est apparu que malgré la puissance et la violence parfois difficilement soutenable de celles-ci, elles semblaient ne pas résister au flux vertigineux des images immatérielles partagées sur les réseaux sociaux et aux commentaires orientant leur lecture en tous sens. Quelle mémoire collective garderons-nous de cette période ? (…) " (Extrait du texte d'exposition)

" (…) Il fallait que le geste soit dérisoire en comparaison à la brutalité de ce que montraient les images. Un geste enfantin et naïf, en apparence, qui tout en désamorçant les photographies faisait cohabiter deux idées contraires dans un même objet : le beau et l'effrayant, le poétique et le brutal, la présence et l'absence. "