L’extimité, c’est le désir de rendre visibles certains aspects de soi, de mettre en avant une partie de son intimité, de partager des évènements personnels.

Ces photographies agissent comme un jeu, une variation sur la photographie d'intimité. Chaque vue semble réalisée dans des environnements traversés par le photographe : famille, paysages, lieux de séjour.

Le tout est présenté dans un ensemble éclaté, sorte de cartographie de la mémoire. Mémoire perdue ou mémoire retrouvée ? Tout est là. Il semble manquer des parts à l’histoire, comme celle d’un vécu qui peinerait à être remémoré. Une mémoire fragmentaire. Extimité est peut-être le récit d’un amnésique qui cherche à retracer son histoire personnelle. En effet, même s’il s’en dégage une atmosphère privée, il est pourtant difficile d’en savoir plus sur l’auteur. Une absence vient brimer les présences, elles sont là, mais à qui appartiennent-elles ? Ce jeu double de l’absence et de la présence est amené par les images de personnes photographiées de dos, sans visages, semblant parfois se précipiter hors du cadre. A la fois vulnérables et insoumises, elles marquent notre immersion dans le monde et le lieu du secret :

“L’être de dos se dérobe au spectacle”, “Désormais, il ne s’agit plus d’une apparition mais plutôt d’une disparition, esquissée, engagée, et parfois irrémédiablement poursuivie”.(1)

La série repose sur le hors-champ, la fugue et l’absence.



(1) Georges Banu - L’Homme de dos, Peinture, théâtre - Adam Biro éd. 2000